24.8.04

Au ciel par tous les moyens

Dans un ultime moment de gloire, les cendres du présentateur de radio locale Frank Fong ont fait rejaillir le feu et la lumière sur des dizaines de milliers de personnes massées sur la plage de Vancouver pour un festival pyrotechnique.

"Et, bang, le voilà parti", s'est exclamé John Ashbridge, la mine réjouie, lui qui avait décidé de rendre hommage à son ami décédé en faisant placer ses cendres dans une fusée pyrotechnique. "Frank adorait les feux d'artifice. Il aurait aimé ça", a-t-il dit au journal Vancouver Sun.

La fin éclatante de Frank Fong est loin d'être un cas unique dans la métropole canadienne de la côte du Pacifique, endroit de prédilection pour tous ceux qui cherchent une façon originale de faire leurs adieux à leurs proches.

Les cendres de plusieurs autres défunts viennent d'ailleurs d'être dispersées dans le firmament par l'explosion, à plus de 9.000 mètres, de la montgolfière affrétée spécialement à l'occasion du congrès annuel de l'Association nord-américaine des directeurs de crématoriums.

Si votre être cher était une perle rare, vous pouvez aussi faire transformer ses cendres ou plutôt le carbone qu'elles contiennent en un joli petit diamant jaune synthétique ou autre bijou à porter autour du cou ou du poignet, comme le proposent plusieurs entreprises.

Une société de Toronto fait même de l'art abstrait en éparpillant les cendres sur une toile.

"Les gens veulent être originaux de nos jours, ils ne veulent pas faire comme tout le monde, même dans la mort", déclare Jack Springer, directeur de l'association.

Tout comme la religion, les rites funéraires traditionnels ne comptent plus comme avant pour bien des gens, mais beaucoup continuent de vouloir donner un sens à leur mort ou souhaitent qu'on se souvienne d'eux avec affection, explique-t-il. L'association expose aux personnes endeuillées les différentes options de ce qu'on peut faire avec les cendres du défunt dans une brochure intitulée "L'incinération n'est pas la fin".

Les démarches originales ne forment encore qu'une infime partie des 700.000 incinérations qui ont lieu chaque année en Amérique du Nord.

Mais les enterrements peu orthodoxes deviennent de plus en plus populaires, encouragés par les entreprises funéraires qui y trouvent leur profit. Quoi qu'il en soit, près de 5% des cendres de défunts ne sont jamais récupérées par leurs proches, et finissent par encombrer les pompes funèbres qui ne savent plus quoi en faire.


Insolite : L'Internaute du 21 août 2004