3.7.04

Chronodrive

Distribution. Testé dans la banlieue de Lille, un nouveau service à l'usage des automobilistes internautes.

Les courses de la semaine en pianotant sur l'Internet, sans frais de livraison, ni livraison d'ailleurs, c'est ce que propose Chronodrive, un mélange de supérette et de cybermarché testé en toute discrétion par le poids lourd de l'hyper, Auchan, dans une banlieue chic de Lille. Le principe : remplir son chariot en ligne et venir chercher sa commande quand on veut (dans un délai de deux jours tout de même) dans un entrepôt-point de vente.

22 h 30, journée bouclée, enfants couchés : ne reste plus que le frigo à remplir en s'attelant une dernière fois au PC familial. Rien à redire sur l'ergonomie du site : en vingt minutes, l'affaire est pliée, inscription comprise. Repérage facile dans les rayons, panier sous les yeux en permanence avec montant affiché, composition des produits accessibles en un clic.

Aucune mauvaise surprise du côté des prix, mais le choix est maigrelet : une seule référence pour le lait entier, et c'est la marque de la maison mère. Et pas la peine de songer aux e-courses sans accès haut débit, à moins d'avoir des nerfs en acier face à un temps de connexion facilement doublé. Corvée terminée, je choisis l'heure à partir de laquelle je vais venir chercher mes biens. Sans oublier de noter le sésame : mon code client. Le paiement, ce sera sur place. Cinq minutes plus tard, la confirmation de ma commande tombe par mail, avec un récapitulatif complet.

Le lendemain, midi et demi. Sans voiture, pas de Chronodrive. L'entrepôt est situé à une sortie de rocade, à Marcq-en-Baroeul. L'emplacement est conçu pour l'Homo mecanicus. Première surprise, c'est haut de gamme : il faut avoir le coup d'oeil pour deviner une vulgaire réserve dans la jolie maisonnette de bois verni aux grandes fenêtres. Je me gare devant une borne, et, sans bouger de mon siège, je tape mon code client. Je vérifie d'un coup d'oeil la liste qui s'affiche, c'est bien moi, et le prix est exact.

Paiement par carte bleue effectué, la machine me délivre mon numéro de quai. Je suis priée d'y aller stationner. J'ai à peine allumé la radio qu'un jeune homme aux cheveux gélifiés façon Steevy vérifie que je ne suis pas une voleuse. Il scanne le code-barres de mon ticket d'un index équipé d'un lecteur optique, réponse donnée par l'écran de contrôle scotché à son avant-bras. Test d'identification réussi, il charge packs d'eau et conserves dans le coffre. Durée de l'opération : sept minutes en tout, pas mal pour un samedi. Chronodrive est efficace, mais la «révolution des courses», telle qu'annoncée dans le slogan, n'est réservée qu'aux automobilistes internautes. Loin de la foule popu des hypers.

Stéphanie Maurice : Libération du 29 juin 2004
Sentinelle : Économie : Commerce électronique