20.7.04

Ça roule sur internet

Des véhicules neufs à prix cassés et bien sûr des voitures d’occasion : sur le Net, la vente de voitures est en plein boum.
 
Trafic intense sur internet pour le marché des voitures d’occasion qui représente 5 millions de ventes annuelles en France. Selon le cabinet d’études Cospirit Research, spécialisé dans les nouveaux comportements d’achat par internet, 30% des acheteurs de l’Hexagone consultent les sites de vente de véhicules avant de signer leur chèque. «Le web est une révolution. Sur un même média, il rassemble des milliers d’offres jadis éparpillées», explique Christophe du Pontavice, directeur des opérations chez Argus Interactive, troisième au top ten des sites les plus visités selon Médiamétrie-NetRating (329.000 visiteurs uniques en avril dernier (Un visiteur unique est comptabilisé une seule fois même s’il revient sur le site plusieurs fois dans la même journée). Argusauto.com présente environ 35.000 véhicules en permanence. L’acheteur compare les prix en temps réel avec les sites concurrents. L’interactivité permet de personnaliser les cotes des voitures, les annonces sont riches de plusieurs photos et les véhicules sont présentés avec force détails, ce qui est impossible sur le papier.L’avalanche de sites consacrés à la vente de voitures bouleverse totalement la politique des réseaux de distribution déjà bousculés par la déréglementation européenne sur l’achat des voitures neuves.
 
A La Centrale.fr, Gilles Fagu constate une «explosion folle» des transactions via la Toile. En 2003, sur les 358.000 annonces, 40% sont passées via internet. «A la fin de l’année, nous aurons atteint 60%», affirme-t-il en précisant que sur le réseau, les ventes s’effectuent à 80% en deux semaines tandis qu’il faut trois semaines via le journal dont les ventes sont en baisse de 10%. Et pour cause, sur le web, la consultation est gratuite. Seules les annonces se paient : 85 euros, à La Centrale, pour une parution simultanée sur le Net, le Minitel et le journal durant trois semaines et 15 euros à l’Argus (en promotion au mois de juin) pour une parution de deux semaines dans les mêmes conditions.
 
Alors, terminées, les ventes en kiosque ?
 
«Certainement pas, le secteur souffre, mais "l’Argus" papier reste le navire amiral», s’insurge Christophe du Pontavice. Peut-être, mais en tête du hit-parade, on trouve Caradisiac.com, qui ne possède pas de journal, avec 419.000 consultations par mois. Soutenu par Renault, le site est exclusivement dédié aux voitures d’occasion. «Nous vendons 500.000 véhicules par an au prix moyen de 10.000 euros. Internet devient un passage obligé pour les transactions et réunit tous les acteurs : concessionnaires, particuliers et garagistes», déclare le président-directeur général Cédric Bannel. Autre avantage, la réactivité des internautes qui, comme sur le site 321auto.com, le numéro deux du secteur, donnent leurs avis souvent sévères sur les modèles.
 
Plus surprenant encore, on trouve même des voitures neuves à prix cassé. Aramisauto.com, distributeur multimarque, propose des modèles avec des rabais qui peuvent atteindre 25% du prix public. Exemple : le 3 juin dernier, une Peugeot 807 ST monospace 5 portes valait 25.238 euros au lieu de 33.650 euros. «Les concessionnaires nous approvisionnent pour toucher leur prime de volume (quantité de véhicules à vendre imposée par les constructeurs), explique Guillaume Paoli, créateur d’Aramis. Nous pouvons baisser les prix, car nous n’avons pas de frais de structure, nous gérons un stock faible.» Ce pionnier des ventes en ligne a vendu 700 véhicules en 2003 et prévoit d’en commercialiser 1.500 cette année. «Avec internet, j’applique à la lettre la nouvelle loi sur la distribution d’octobre 2003 qui autorise un concessionnaire à distribuer plusieurs marques. Sauf que dans la réalité, elle est impraticable. Les concessionnaires n’ont pas l’autorisation de placer tous les véhicules dans un même lieu», sourit Guillaume Paoli.
 
Alors, le web serait-il le marché idéal et transparent, cher aux économistes libéraux ?
 
«Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le Net est un média de confiance, même pour les voitures», certifie Jean-François Rochet chez ebay France, filiale française du site américain qui propose en permanence 1.700 véhicules aux enchères ou à prix fixes. Un média de confiance – les internautes testent le véhicule entre deux enchères – et déculpabilisant. Celui qui ne connaît rien aux voitures trouve sur la Toile une foule d’informations remarquablement vulgarisées que l’on compare avec d’autres d’un seul clic.
 
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Des huissiers sur le Net

Depuis le 28 mai, Miseauto.com, le premier site français d’enchères de véhicules d’occasion, chamboule le rituel des internautes. Son originalité ? Il établit des enchères via un réseau d’huissiers établis sur toute la France. Depuis peu, la loi les autorise à enchérir sur la Toile. Aussi, Gaëtan Raniolo, créateur de Miseauto, met-il en relation les internautes, les vendeurs de véhicules et les huissiers. Avantage, l’homme de loi est à lui seul une garantie de qualité des voitures. Ces dernières ont toutes moins de quatre ans et proviennent de concessionnaires, de garages ou de sociétés de location qui peinent à écouler leur parc. La mise à prix démarre généralement à moins 20% de la cote de «l’Argus», parfois à moins 40%. Qui dit mieux ?

 
Colette Mainguy : Le Nouvel Observateur du 15 juillet 2004