Computer Sciences Corporation
Team CSC sera sur la ligne de départ du Tour de France. L'équipe est sponsorisée par la firme américaine Computer Sciences Corporation, le propriétaire de DynCorp, l'une des plus grandes sociétés militaires privées au monde. Ses mercenaires opèrent en Irak, en Afghanistan, au Kosovo, en Colombie...
S'il existe un rapport entre le Tour de France et l'Irak, il est à chercher du côté de l'entreprise américaine Computer Sciences Corporation... Cette société californienne, spécialisée dans la haute technologie et les systèmes d'information, sponsorise le Team CSC dont le manager, Bjarne Riis, a remporté la Grande boucle en 1996.
Computer Sciences Corporation (90.000 employés dans 80 pays) est aussi le propriétaire de DynCorp, une société militaire privée qui emploie 23.000 personnes, entraîne les forces de la nouvelle police irakienne, assure la protection rapprochée du président afghan, Hamid Karzaï, et patrouille l'espace aérien bolivien et péruvien à la recherche des transporteurs de drogue...
Achetée par CSC en 2003 pour 950 millions de dollars, DynCorp est l'un des plus célèbres pourvoyeurs de soldats privés au monde. Depuis 1946, DynCorp a rempli toutes les missions que le Pentagone et le département d'État ont externalisées ou privatisées : habilitation des personnels militaires et diplomatiques, maintenance de matériel et de sites de l'armée de terre, sécurité des bases de l'US Air Force, formation des pilotes de l'aéronautique navale... Des contrats qui ont propulsé l'entreprise à la 121e place du classement Forbes des 500 plus grosses sociétés américaines.
Aujourd'hui, DynCorp est en Irak où ses équipes forment la police locale et assurent des missions de protection rapprochée aussi lucratives que dangereuses (au moins quatre employés tués depuis le début de l'année). Au Qatar, elle protège les grands stocks d'armement prépositionnés par l'US Army. En Afghanistan, ses équipes d'anciens des forces spéciales protègent le président Karzaï. Au Proche-Orient, les diplomates américains sont flanqués de gardes du corps fournis par DynCorp (trois ont été tués à Gaza, en octobre 2003). Au Kosovo, un demi-millier de ses employés assurent, pour le compte du Département d'État, des missions de police et gèrent des centres pénitentiaires (deux y ont trouvé la mort en avril dernier). La société militaire privée de Reston (Virginie) opère aussi en Colombie où ses hommes traquent les narcotrafiquants et les rebelles des Farc dans le cadre d'un contrat (si opaque qu'il est régulièrement dénoncé par des membres du Congrès américain) d'une valeur de 600 millions de dollars.
Des mercenaires qui en connaissent un rayon
En achetant DynCorp, CSC est entrée dans une coterie de multinationales qui se partagent le gâteau de la privatisation de la défense aux États-Unis. Un gâteau de 300 milliards de dollars, entre 1994 et 2002. Les deux milliards et demi du chiffre d'affaires annuel de DynCorp ont gonflé celui de CSC qui dépasse, pour l'année fiscale 2004, quatorze milliards de dollars. Preuves de la bonne affaire réalisée, d'une part, les revenus de CSC ont enregistré un bond de 30% au quatrième trimestre de 2003, « imputable, selon le PDG de CSC, à l'achat de DynCorp » ; d'autre part, DynCorp a décroché, fin février, un fabuleux contrat : pour un milliard sept cent cinquante millions de dollars, la société déploiera, partout où le Département d'État jugera utile d'intervenir, 2.000 spécialistes du maintien de la paix. Une excellente affaire qui propulse CSC sur le podium des grands prestataires de services militaires.
Philippe Chaleau : Ouest France du 2 juillet 2004
Sentinelle : Services : Sports
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