22.7.04

Cite-Plage «pour le plaisir»

Une petite pluie tiède comme eau de baptême pour la troisième édition de Paris-Plage, inaugurée mercredi matin par Bertrand Delanoë sur les quais de Seine.
 

 
Ce «service public du plaisir», selon les propos du maire, a vite rencontré le succès des années précédentes et, comme pour faire plus vrai, les trois kilomètres de plage étaient noirs de monde dès la mi-journée. Vers huit heures, le bassin de baignade du quai des Célestins, la nouveauté tant attendue, a été investie par quatre accros de l'aquagym venues profiter des premières leçons gratuites. En même temps, les six boulodromes avaient tôt fait de trouver preneur, tandis que les transats s'arrachaient déjà.

Outre Paris, nombre de cités se font balnéaires cet été

L'idée de transformer en station balnéaire les centres urbains ne date pas d'hier. Dans les années 40, des tournois de beach-volley étaient déjà organisés sur les places de certains villages de Haute-Garonne. Mais le succès de Paris-Plage a remis le concept au goût du jour.
 
Une vingtaine de villes proposent aujourd'hui un espace «ludique» ou «détente», les pieds dans le sable. Pionnier en la matière, Saint-Quentin (Aisne) ensable le parvis de son hôtel de ville depuis neuf ans. Autour de Paris, de nombreuses municipalités lui ont emboîté le pas.
 
Pantin-Plage (Seine-Saint-Denis), du 1er juillet au 25 août, en est à sa troisième édition. 750 m2 de sable, une pataugeoire et un grand terrain multisports accueillent gratuitement une centaine de personnes chaque jour. «Le bouche à oreille commence à fonctionner et les centres aérés sont très demandeurs», raconte un des deux animateurs sportifs.
 
Du 7 juillet au 7 août, l'île de Puteaux (Hauts-de-Seine) est également transformée en station balnéaire gratuite le long de la Seine. Meaux (Seine-et-Marne), Créteil (Val-de-Marne), Beauvais et Thourotte (Oise) ou encore Montreuil (Seine-Saint-Denis) surfent également sur la vague.
 
Pour sa première tentative, du 3 au 10 juillet, Montigny-lès-Cormeilles (Val-d'Oise) semble plutôt satisfait. Malgré le mauvais temps, plus de 7.200 personnes ont chaussé les tongs (la ville compte 18.000 habitants) et ont joué au badminton ou ont participé aux ateliers dessin. «On a senti la ville se poser. Toutes les générations se sont mélangées dans une excellente ambiance», raconte Cyril Dury, directeur du service des sports. Le budget, hors coût du personnel, s'élève à 35.000 euros pour cette semaine.

Les autres régions ne sont pas en reste. Tourcoing-Plage (Nord) attend 100.000 personnes jusqu'au 15 août. Les guinguettes de Lyon (Rhône) attirent tous les ans une cohue sur la rive gauche du Rhône. Et Toulouse (Haute-Garonne) renouvelle l'opération Côté Plage. Les écolos ont eu gain de cause : les 3.000 tonnes de sable en provenance du Lot-et-Garonne n'ont pas été déversées sur la Prairie des Filtres, mais sur l'île du Ramier, une esplanade qui sert habituellement de parking. L'espace Beach Club, équipé en transats et cabines de plage, est toutefois payant. Equilibre budgétaire oblige.

En Gironde, la ville de Bègles se lance aussi dans l'aventure, avec un important budget de 450.000 euros. «Le projet était en réflexion depuis 1996, date à laquelle la piscine arts-déco a été fermée, précise Eric Meyer, chef du service sport. Il n'y avait aucun espace de baignade au sud de Bordeaux.» Depuis le 17 juillet, un plan d'eau aménagé pallie ce manque. L'opération sera pérennisée et la municipalité envisage déjà d'agrandir le site.

Et comme les zones urbaines ne sont pas les seules à rechercher le sable chaud, le site du Pont du Gard lance «Rendez-vous à la rivière». Avec, à la tête du projet artistique, l'agence Nez Haut, maître d'oeuvre de Paris-Plage.

 
Anne Dalaine : Libération du 22 juillet 2004