27.7.04

La tour de Londres

Conçu par l'architecte Norman Foster, le Gherkin (littéralement, le «gros concombre») se flatte d'être le premier gratte-ciel écologique du Royaume-Uni.

Première tour de bureaux à voir le jour depuis vingt-cinq ans au coeur de la City, le Gherkin est devenu en quelques mois la dernière merveille du paysage londonien. Haut de 180 mètres et de 41 étages, deuxième tour la plus haute de la City, il a d'abord fait jaser par sa forme, trop «érotique» pour certains, avant de s'attirer les louanges des Londoniens et des associations écologistes du pays.



Selon Rob, porte-parole du cabinet d'architectes, la forme aérodynamique de la tour joue un rôle primordial : «Il y a eu environ quatorze plans différents. Notre objectif consistait à tirer profit des variations de pression du vent pour générer un système de ventilation naturelle à l'intérieur du Gherkin. Sa forme unique, avec ses alvéoles et sa structure de façade en spirale, nous permet de maximiser l'utilisation des éléments de façon entièrement naturelle.» Quand la température est clémente, entre 12 et 25°C, et le vent modéré, on ouvre les fenêtres. Tout simplement. Du coup, plus besoin d'air conditionné.

Naturelle


D'où 50% d'économie d'énergie, comparé à une tour traditionnelle, et donc deux fois moins d'émission de carbone, selon la firme d'ingénierie Hilson Moran. «Le système de ventilation est réglé par des stations météo réparties dans la tour, mais également à l'extérieur. Celles-ci contrôlent l'ouverture et la fermeture des fenêtres. Quand la température descend au-dessous de 12°C ou dépasse les 25°C, nous opérons un mode mixte de ventilation naturelle et de chauffage ou refroidissement de l'air. Au niveau climatique, Londres est vraiment parfait car il n'y fait jamais trop froid ni trop chaud, entre -3° C et 30° C. Il n'y pleut d'ailleurs pas autant qu'on le croit, moins qu'à Paris !» ajoute Sinisa Stankovic, directrice de BDSP Partnership, responsable du design.

Ce système de ventilation n'est pas la seule prouesse écologique du bâtiment. La structure intérieure de chaque étage, en étoile à six branches, laisse mieux pénétrer la lumière naturelle dans les pièces et freine ainsi la consommation électrique. «Il n'existe plus de zones d'ombre où l'on doit travailler avec la lumière allumée, même en plein après-midi d'été. Cette nouveauté est aussi bonne pour les économies d'énergie que pour le moral des employés», commente Rob.

Panoramique

Construit pour la firme suisse de réassurance Swiss Re, le Gherkin s'enorgueillit aussi de ne pas avoir de parking privé, «hormis dix-huit places dont cinq pour handicapés, explique Sara Cox, de Swiss Re. Il s'agit d'encourager les employés à utiliser les transports en commun ou leur vélo. Nous avons prévu trois fois plus d'espaces pour ranger les vélos que n'importe quel bâtiment de bureaux. De même, la place où s'élève le Gherkin va être dédiée au public, avec des cafés et terrasses tout autour.» Mais, pour visiter le Gherkin et boire un verre dans son bar panoramique du 41e étage, le public devra attendre la Journée du patrimoine, qui se tient une fois par an.




Agnès Catherine Poirier : Libération du 24 juillet 2004