23.7.04

Le cône tire-bouchon

Ça ressemble à un gros pétard creux, mais ça ne se fume surtout pas. L'«Otosan, cône à la propolis» s'allume et se plante, enflammé, droit dans l'oreille, tête bien à plat, cheveux tirés. C'est magique. Le cérumen ­ cette infecte pâte jaunâtre fabriquée par l'oreille pour lubrifier le tympan et qui parfois s'accumule pour former un bouchon ­ remonte le long du cône en cire. «L'air chaud qui monte vers le haut crée une dépression et, par conséquent, une aspiration. C'est l'effet cheminée», certifie le mode d'emploi.

 

L'opération dure quelques minutes par oreille. Attention, elle peut entraîner panique et effroi : «Au secours, ça crépite !», «C'est affreux, mon oreille prend feu !» C'est pourtant indolore et sans danger grâce à une bague antiflammes située à la base du cône, et surtout grâce à la surveillance obligatoire d'un proche. Lyrique, la notice précise aussi que «pendant la combustion, la propolis contenue dans le cône produit un parfum délicat».

Assez exagéré, mensonger même, parce que ça sent vraiment le cramé. Quand enfin c'est terminé, à chacun de dérouler, secrètement, ce qui reste de l'objet et de contempler la boulette marron accrochée à un petit cylindre en plastique contenu dans le cône.

L'opération peut se répéter chaque mois. En tout cas, l'erreur fatale est d'imiter Shrek en se triturant le conduit auditif avec un doigt, un coton-tige (ou pire avec une allumette), car, les spécialistes le disent, le coton-tige repousse le cérumen au fond de l'oreille et favorise la formation du bouchon.

Cône Otosan, en vente dans les magasins Naturalia. 7,95 € la paire.

 
Dominique Simonnot : Libération du 21 juillet 2004