11.8.04

Du Prozac dans l'eau

La consommation de Prozac est tellement élevée en Grande-Bretagne que l'on en trouve à présent dans l'eau de consommation domestique, a révélé l'Agence britannique de l'environnement citée par The Observer.

La "pilule du bonheur" est présente en quantité croissante dans les rivières et l'eau de consommation domestique, indique l'Agence, à tel point que des réunions ont eu lieu avec des responsables de l'industrie pharmaceutique afin d'étudier les éventuelles répercussions que cela peut avoir sur les consommateurs et l'environnement, précise le journal.

Rejeté dans les urines des Britanniques qui en consomment, ce médicament passe d'abord dans le réseau des eaux usées puis c'est après son passage dans les usines de traitement des eaux qu'il termine sa route, en quantité infinitésimale, dans les rivières ou le réseau d'eau potable, estiment les experts.
L'Agence de l'eau britannique estime de son côté que le Prozac est tellement dilué dans l'eau à la suite du retraitement des eaux usées qu'il y a peu de risques pour la santé.

"Il est extrêmement peu probable qu'il y ait un risque car ce type de drogue est distillé en très faibles quantités", a affirmé un porte-parole de l'agence cité par le journal.

La prescription trop fréquente de la molécule par les médecins généralistes serait à l'origine du phénomène, avec 24 millions d'ordonnances prescrites en 2001 contre neuf millions il y a dix ans, souligne le journal.


Olivier Frégaville-Arcas : Sciences & Avenir du 10 août 2004



Pas de Prozac dans les robinets anglais

Les Britanniques sont-ils shootés au Prozac sans le savoir ? Probablement pas mais l'information a fait le tour du monde. Selon The Observer, les Anglais seraient tellement friands de cet antidépresseur qu'on en retrouverait dans leur eau potable. Si l'envol des prescriptions du médicament est un fait avéré (De 1991 à 2001, le nombre annuel d'ordonnances est passé de 9 millions à 24 millions, selon le département de la Santé britannique), on ne trouve en revanche aucune étude certifiant la présence de Fluoxetine, la molécule active du Prozac, dans l'eau du robinet.

Malentendu


Selon l'article de The Observer paru dimanche, l'Agence britannique de l'environnement se serait fendue d'un rapport sur le sujet. «Faux», répond l'inspection de l'eau potable. Une étude a en effet été conduite sur la présence d'une douzaine de molécules pharmaceutiques dans les eaux usées, dont un antidépresseur, mais en aucun cas sur la présence de Prozac dans l'eau potable. L'étude conclut que dix de ces molécules ont bel et bien été retrouvées dans les eaux usées, et que huit d'entre elles étaient même parvenues jusqu'aux rivières (susceptibles de fournir de l'eau potable), après traitement dans une station d'épuration.

Contactée par Libération, l'Agence de l'environnement prévient qu'un autre rapport circule et qu'il peut être à l'origine du malentendu. Ce texte est le fait d'un député du Parti libéral démocrate, Norman Baker, qui a compilé diverses études sur l'impact du Prozac sur la santé ou sur la persistance des médicaments dans l'environnement. En mélangeant le tout, il accuse à demi-mot le gouvernement de maintenir le pays sous médication à son insu.


Crédibilité

Si les Anglais se sont un peu emballés, c'est parce que l'histoire comporte une part de crédibilité : une quantité incroyable de micropolluants parvient jusqu'au milieu aquatique. «Leur histoire est crédible parce qu'on trouve toutes sortes de résidus dans l'environnement : du détergent au pesticide, en passant par les hydrocarbures», explique Yves Lévi, professeur en pharmacie à l'université Paris-Sud. «Cela correspond à des tonnes de produits que les stations d'épuration ne peuvent pas tous éliminer. Mais entre les rivières et l'eau du robinet, il y a un gouffre.»

Laure Noualhat : Libération du 11 août 2004