Services mobiles
Les accros au téléphone mobile pourront bientôt aller encore plus loin dans la personnalisation de leur engin, en remplaçant la tonalité d'attente par un thème musical. Les "Ring Back Tone" s'annoncent encore plus lucratifs que les sonneries hifi.
Ceux qui s’étonnaient du succès fulgurant des services de téléchargement de sonneries et autres logos pour combinés mobiles ne sont pas au bout de leurs surprises. À l’automne prochain, les consommateurs français découvriront un service venu de Corée du Sud : la personnalisation de la tonalité d’appel, c'est-à-dire du traditionnel "bip bip" qu’entend un correspondant avant que son interlocuteur ne décroche ou que le répondeur ne se déclenche.
Ces services sont baptisés "Personalized Ring Back Tone", littéralement "tonalité d’établissement d’appel personnalisée". Concrètement, il s'agit de remplacer la tonalité par la Petite musique de nuit de Mozart, le générique de Mission Impossible ou encore une tirade des Guignols de l'info. Bref, toute la panoplie actuelle des sonneries trouve ici une seconde vie commerciale, agrémentée bien entendu de nouveautés adaptées à ce service.
60% des Coréens déjà accros
«Le décollage du marché a été fulgurant en Corée et ce sera pareil en Europe», prédit Axel Dreyfus, P-DG d’Index Europe, filiale d’Index Corp., qui se présente comme le premier éditeur de contenu multimédia mobile au Japon et en Corée. «Lancés il y a un an et demi, les services de Ring Back Tone ont aujourd’hui séduit 60% des consommateurs coréens. Au début, la déferlante en Asie des sonneries et logos faisait rire tout le monde en France. Désormais, ce sont les services de téléphonie les plus utilisés dans l’Hexagone.»
Index Europe compte donc lancer des services de ce type dans plusieurs pays du Vieux Continent. Mais en France, c’est son concurrent local 123 Multimédia qui a raflé le marché, indique Index Europe. Bertrand Perez, directeur informatique de la société de service 123 Multimédia, installée à Toulouse, confirme : «Nous sommes en discussion avancée avec les trois principaux opérateurs mobiles français, qui prévoient de lancer ce type de service d’ici la fin de l’année.»
«Les premiers services seront en surimpression de la tonalité classique pour que les usagers ne croient pas qu’il s’agit d’un répondeur», poursuit-il, indiquant qu’il faudra dans un premier temps éduquer le public.
Aucun porte-parole de Plurimedia, autre concurrent d'Index Corp., n’était joignable dans l’immédiat. Chez Bouygues Télécom, on confirme travailler sur le sujet. SFR et Orange n’ont pas retourné nos appels.
100% des combinés compatibles
Le premier avantage, pour les fournisseurs de services et les opérateurs, réside dans le fait que ce procédé est compatible avec tous les combinés du marché, alors que les logos et sonneries à télécharger dépendent encore des capacités techniques du téléphone de l'utilisateur (écran, générateur sonore, etc.). La raison en est simple : la tonalité d’appel est un son émis par l’opérateur de l’appelé et transmis sur le même principe que la voix, tandis que les sonneries sont synthétisées directement par le combiné. «C’est un avantage commercial considérable», estime Bertrand Perez.
Autre atout, les variantes d’utilisation sont nombreuses. «Il est ainsi possible de programmer une tonalité pour la semaine de travail et une autre pour le week-end, ou encore de configurer des tonalités différentes selon l’appelant», poursuit le responsable. «De quoi toucher un public plus large que les sonneries et logos, utilisés surtout par les 15/25 ans, comme c’est le cas en Corée.»
Moins de 3 euros la tonalité personnalisée
Aucune information précise sur les prix n’est encore disponible, indique-t-on chez 123 Multimédia, mais le tarif sera vraisemblablement comparable à celui des messages de répondeurs, autre best seller des services mobiles. Ces messages pré-enregistrés sont vendus entre 1 et 3 euros environ.
Le modèle économique reste inchangé : l’usager paie son opérateur pour disposer du service. L’opérateur reverse alors une part des revenus aux fournisseurs de contenu, au prestataire technique et, si le contenu est protégé par des droits d’auteurs, aux ayants droits (via les sociétés de gestion collective, notamment la Sacem).
En outre, avant de proposer ce service, l'opérateur doit mettre à jour ses équipements réseau. Le nouveau créneau profitera donc aussi aux équipementiers tels qu’Alcatel, qui présente en détail sur son site internet sa solution "Alcatel Personalized Ring Back Tone" (PRBT). LG Electronics, Ericsson et Nec ont également développé leur propre solution.
Bref, les acteurs de la téléphonie mobile semblent convaincus d’avoir mis la main sur une nouvelle poule aux œufs d’or. Les catalogues sont déjà prêts, reste à surmonter un dernier obstacle : «Il va falloir trouver un nom commercial français pour ce nouveau service», confie Bertrand Perez, «car "tonalité d’établissement d’appel", ce n’est pas très vendeur.»
Christophe Guillemin : ZDNet du 30 juillet 2004
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