2.9.04

L'invasion

Dans les rues de Dakar, la capitale du Sénégal. Les criquets pélérins ont envahi en masse la ville et ses banlieues. Ils se déplacent en nuages serrés, qui contiennent entre 30 et 150 millions d'individus.



En 24 heures, un essaim moyen peut détruire des cultures qui auraient nourri 120.000 personnes pour une journée. «Ils sont arrivés en plusieurs vagues. Il y en avait partout. Ils se sont abattus sur un petit champ où des Guinéens cultivent de l'oseille et des gombos. Des gens sont arrivés avec des branches pour leur taper dessus et tenter de les faire partir», a raconté à l'AFP un journaliste sénégalais. «Les criquets sont dans ma maison. J'en ai vu plusieurs qui sont encore dans ma cour», a affirmé pour sa part une habitante de la banlieue de Dakar.

Au même moment et au même endroit, les ministres de l'Agriculture de dix pays d'Afrique de l'Ouest se réunissaient pour élaborer une stratégie de lutte contre ces insectes voraces qui menacent les cultures. Ils ont adopté une résolution prévoyant de mettre en commun leurs moyens et leurs efforts, avec notamment le renforcement de cinq bases stratégiques au Sénégal, au Mali, au Tchad, au Niger et en Mauritanie, dont la capitale Nouckchott, sera la base centrale.

A la clôture de la réunion, la ministre d'Etat des Collectivités locales du Sénégal, Aminata Tall, a salué «des points d'accord historiques» pour l'Afrique occidentale et a souhaité qu'ils constituent «un déclic dans la dynamique de lutte contre ce fléau». Une saison des pluies particulièrement abondante cette année au Sahel a permis aux criquets de se reproduire en grand nombre. L'Afrique de l'ouest connaît l'invasion de criquets la plus grave depuis 15 ans et connaît la menace de la famine.


Libération du 2 septembre 2004