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JO : La facture ébranle les finances

Pour leur retour aux sources, ces JO ont attiré moins de visiteurs qu'escompté – les organisateurs annoncent avoir vendu 3,4 millions de billets sur un total de 5,3 millions – et donc... moins de rentrées d'argent.

Après la fête de clôture organisée au stade olympique d'Oaka dimanche soir, les Grecs se réveillent avec la gueule de bois. Selon les dernières estimations, la facture des Jeux s'élèverait à 7 milliards d'euros, contre les 4,6 milliards initialement prévus. Le budget alloué à la sécurité a fait exploser la note. Sous la pression des Américains, qui ont menacé de bouder la compétition, il a été révisé à la hausse, passant de 650 millions à 1,2 milliard d'euros.

L'opinion publique s'indigne déjà du coût de ces olympiades les plus chères de l'histoire et pour lesquelles ils devront mettre la main au portefeuille pendant au moins vingt-cinq ans. Et encore les comptes sont loin d'être définitivement bouclés.

Pour ne pas alimenter la polémique, le gouvernement veut se garder de donner tout chiffre avant la mi-septembre. On le comprend. Car ce total ne tient pas compte de l'argent dépensé directement par le comité d'organisation des Jeux, l'Athoc. Le budget s'élève à 2 milliards d'euros, mais devrait être équilibré grâce aux produits dérivés, au sponsoring et autres droits TV... et à une subvention du gouvernement de 300 millions d'euros.

L'addition exclut aussi les grands projets d'infrastructures dont s'est dotée Athènes : le tramway, la grande autoroute de l'Attique, les diverses extensions du métro... Le coût, même s'il a été supporté pour moitié par Bruxelles, devrait atteindre environ 3,5 milliards d'euros.

Au final, les dépenses liées aux JO devraient se chiffrer à plus de 5% du PIB. A Sidney, elles n'avaient pas dépassé 1,5% du PIB australien, selon une étude de Price WaterhouseCoopers. La dette publique, qui avait légèrement baissé, retrouve son niveau de 1999, à 105% du PIB. Au second semestre 2004, elle a atteint 195,7 milliards de d'euros, soit une hausse de 9,8% par rapport à la même période l'année dernière. Et les revendications des fonctionnaires et des forces de sécurité pour le versement d'un «bonus olympique» vont contribuer à l'augmentation des dépenses, s'inquiète l'agence de notation Stan dard & Poor's.
Enfin, demeure l'épineuse question du devenir des installations olympiques. Athènes voudrait bien transformer l'essai comme Barcelone l'a fait après les Jeux de 1992. Les complexes sportifs ont été amortis en recevant de grands événements internationaux, le tourisme a bénéficié d'un fort rebond. «Nous ne récupérerons pas le coût de la construction des sites. L'objectif que nous nous sommes fixé est qu'ils soient suffisamment bien gérés pour payer les frais de fonctionnement», explique Christos Hadjiemmanuil, président du Hellenic Olympic Properties (ces coûts varient selon les estimations entre 25 et 125 millions d'euros). Avant d'ajouter : «Ces mètres carrés de qualité sont l'occasion de donner à Athènes une image de marque moderne et de développer le tourisme.» En dépit de ces mauvaises nouvelles en cascade, le gouvernement grec veut croire que ces Jeux sont avant tout une fabuleuse rampe de lancement pour leur économie. Un gage de développement et de retombées positives sur le long terme.

Certains économistes grecs espèrent même un regain de consommation après la victoire de la Grèce à l'Euro, à l'instar de notre «effet Coupe du monde» en 1998. «Ces Jeux nous ont placés sous les feux des projecteurs du monde entier. Les Grecs ont le sentiment d'exister à nouveau sur la carte du monde. Fiers, ils se sentent plein d'une énergie nouvelle. C'est ce que les Anglais appellent le feel good factor, cela devrait doper la consommation», veut se persuader le ministre du Développement, Dimitrios Soufias.

La diaspora installée principalement aux Etats-Unis et en Australie, qui injecte chaque année dans le pays environ 10 milliards de dollars, se dit même prête à investir dans la mère patrie. Il est vrai que, sous l'effet conjugué de son entrée dans l'euro et de l'organisation des Jeux, le pays a rattrapé en un temps record des années de retard.


Sixtine Léon-Dufour : Le Figaro Économie du 1er septembre 2004