21.8.04

Norway

Branle-bas de combat pour racheter l'ex-«France»

Le mythique paquebot France pourrait revenir dans son pays d'origine. Endommagé par un grave incendie survenu en mai à Miami, le Norway – c'est son nom depuis son rachat par un armateur norvégien en 1979 – est actuellement à quai à Bremerhaven, un port allemand. Son propriétaire l'a mis en vente à 20 millions d'euros. Des deux repreneurs potentiels encore en lice, l'un hollandais, l'autre français, le plus offrant l'emportera. Isaac Dahan, promoteur immobilier, est le candidat français.

Dès qu'ils ont su la nouvelle, les amoureux du France se sont mobilisés avec un seul but en tête, le ramener. A Saint-Nazaire, son port de naissance, les 130 adhérents de l'association Pour l'ex-«France» sont passés à l'action : «Il fallait réveiller les Français», explique le président, Jacques l'Héritier. Appuyés par une vingtaine d'entreprises partenaires, ses bénévoles ont placardé un millier d'affiches, organisé des conférences à Paris et à Bordeaux, réuni 5.700 signatures, monté des expositions, créé un site Internet, et fait appel aux pouvoirs publics. L'idée d'une souscription nationale est venue il y a un mois. «On réfléchissait à ce qu'on pouvait faire. Grâce à cette initiative, tous les Français peuvent participer en donnant 5 euros minimum. On espère atteindre 1 million d'euros.» Si cela ne suffit pas à faire pencher la balance du côté français, les donateurs seront remboursés.

A Cap-Breton, une autre association, Le France en Aquitaine, a étudié l'aspect technique d'un retour du bateau dans un port français. Son président, Jean-Pierre Pourrut, voudrait en faire un pôle touristique, économique et culturel de grande ampleur : hôtels, salles de conférences, centres d'enseignement, musées... Le navire pourrait accueillir, selon lui, de 600.000 à 800.000 visiteurs par an et générer plus de 2.000 créations d'emplois.

Pourtant, les ambitions de ces passionnés risquent fort de se heurter au scepticisme d'autres. Les mairies de Cap-Breton, Saint-Nazaire et Le Havre, susceptibles d'accueillir le navire pour ses vieux jours, ne débordent pas d'enthousiasme. Si le maire du Havre, Antoine Rufenacht (UMP), affirme qu'il soutiendra l'initiative, celui de Cap-Breton, Jean-Pierre Dufau (PS), pense qu'il s'agit «d'une belle idée généreuse mais irréalisable» et refuse d'engager les finances communales. A Saint-Nazaire, les élus disent l'idée «sympathique mais utopique» et «trop coûteuse pour les contribuables». Le ministère des Transports et de la Mer encourage néanmoins «un retour sous les couleurs françaises» du Norway, qu'il considère comme un «ambassadeur du savoir-faire et de l'art de vivre français sur les océans». Et si le Norway, au lieu d'être rebaptisé le France, devenait hollandais ? Qu'à cela ne tienne, c'est une autre cause que défendront ses passionnés : faire inscrire le paquebot au patrimoine mondial de l'humanité.


Souscription pour l'ex-«France», association Pour l'ex-«France», 262, rue de Pornichet, 44600 Saint-Nazaire. Tél. 02.51.76.56.41.

Camille Sayart : Le Figaro du 20 août 2004