8.6.04

Zidane plein pot

Le joueur et Danone signent un contrat de sponsoring sportif inédit de onze ans.

Riboud et Zizou officialisent le contrat signé en mars, et ce jusqu'en 2015. «Le but de l'opération, ce n'est pas de vendre plus de yaourts, mais de transformer l'image de Danone», prévient Frank Riboud. Soucieux de «proximité», le géant de l'agroalimentaire a donc choisi de faire du n°10 son ambassadeur. «Une société comme Danone fait des affaires, mais elle a aussi un rôle à jouer dans la société», précise un cadre du groupe, qui assure que «Zidane et Danone ont le même souci vis-à-vis des enfants». Même si leurs préoccupations ne sont pas exactement similaires...

Amitié

En 2001, Zidane avait déjà signé un contrat publicitaire avec Volvic, l'une des marques du groupe. «C'est l'origine de la rencontre entre Riboud et Zizou, poursuit ce cadre. Depuis, ils entretiennent une relation d'amitié.» L'an passé, Zidane était également «gracieusement» parrain de la Danone Nations Cup, «coupe du monde de foot des enfants», qui se déroule chaque été. «C'est une histoire personnelle entre Riboud et Zidane, estime Gilles Dumas, consultant chez Sportlab, cabinet d'études en marketing sportif. Mais ça ne veut pas dire que c'est uniquement de la philanthropie et du mécénat.»



Le montant du chèque, selon les us et coutumes du sponsoring, n'a pas été dévoilé. Reste qu'«on ne peut pas s'offrir Zidane pour moins de 1 million ou 1,5 million d'euros par an», estime un professionnel du secteur. L'addition pourrait être plus lourde si le contrat comporte des obligations, comme des sorties publiques pour Danone. Quant à la durée du contrat ­ onze ans ferme ­, elle fait jaser. «Pour ce genre de collaborations, c'est extrêmement inhabituel», glisse un cadre de Danone. Le meneur de jeu des Bleus, qui devrait arrêter sa carrière dans trois ans, songerait-il à sa reconversion ? Quoi qu'il en soit, Zidane, dont les revenus annuels sont estimés à 14 millions d'euros (92 millions de FF - Salaire au Real Madrid plus les revenus publicitaires venant d'Orange, Adidas, CanalSatellite et Ford), effectue là un joli dribble, par anticipation, sur son déclin sportif.

«Bizarres»

Quant aux motivations de Danone, un spécialiste du sponsoring sportif les trouve «très bizarres». «Ils veulent faire de Zidane une sorte d'ambassadeur, alors que leur investissement dans le football est très faible. Ils se bornent à faire des coups.» Comme avec la marque LU, qui, entre 1998 et 2000, comptait quatre joueurs sous contrat : Lizarazu, Barthez, Petit et Thuram. «Et, tout d'un coup, Danone s'engage pour onze ans, poursuit cet observateur. Mais quelle sera la valeur de Zidane dans quatre ou cinq ans ?» Une chose est certaine pourtant : Zidane n'a pas fini de faire rêver les bambins. Ni, du coup, de constituer un formidable argument de vente.

David Revault : Libération du 8 juin 2004 - Photo : Libération & Reuters
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