1.6.04

Un besoin d’outils de gestion

mais ça ne suffira pas

[La série de la semaine sur le brûlant sujet de la réforme de l'assurance-maladie : 2/5]

L’an prochain, cela fera vingt ans que Christophe Prudhomme travaille à l’hôpital Avicenne de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Vingt ans qu’il réagit en urgence et réfléchit avec recul sur le monde hospitalier. En avril, il a signé l’appel des médecins intitulé Défendons notre service public. Leur cri d’alarme est terrible : « Nous sommes de plus en plus souvent placés dans la situation de ne plus pouvoir apporter à nos semblables les soins efficaces dont ils ont besoin. »

Christophe Prudhomme est aussi l’un des animateurs de l’intersyndicale - réunissant médecins et personnels hospitaliers - qui s’oppose au projet de réforme Hôpital 2007. Il reproche au gouvernement de ne chercher que des solutions financières. « Les "gaspillages" ne peuvent expliquer, à eux seuls, les 14 milliards de déficit de l’assurance-maladie. Nous avons besoin d’outils de gestion de l’hôpital pour analyser ce que nous faisons et modifier nos comportements, mais ça ne suffira pas à résoudre les problèmes de l’hôpital. » Il milite pour « une vraie réforme structurelle », expliquant que 150.000 lits ont été fermés en vingt ans, mais sans discernement aucun.

« Nos structures sont inadaptées. Les personnes âgées, par exemple, n’ont besoin d’être à l’hôpital que dans les phases aiguës de leur pathologie. Or, à Paris, elles y restent trop longtemps parce que les centres de rééducation sont à 50 kilomètres et que l’hospitalisation à domicile n’est pas assez développée. Tout cela coûte cher, car le prix d’une nuit à l’hôpital est bien plus élevé que les services de soins de suite ou l’hospitalisation à domicile. L’hôpital a besoin de lits différenciés dans un même endroit. Au lieu de fermer l’hôpital de l’Hôtel-Dieu à Paris pour le laisser au ministère de la Justice, on devrait peut-être le transformer en services de gériatrie. »

Dominique Perrin : Challenges 225 de mai 2004

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L’assurance-maladie en vrac

Vous dépensez, chacun, en moyenne, 2.580 euros par an pour les dépenses courantes de santé. 27% de cette somme sont consacrés aux honoraires, et près de 50% à l’hôpital.

5% des personnes couvertes par l’assurance-maladie mobilisent 60% des remboursements : près de 20.000 euros par personne, soit près de 30 fois plus que les autres personnes protégées.

Si rien ne change, le déficit annuel passerait de 29 milliards d’euros en 2010 et à 66 milliards en 2020.

Au 1er janvier 2001, dernier chiffre connu, la France métropolitaine comptait 196.000 médecins, généralistes et spécialistes confondus, soit 300 praticiens pour 100.000 habitants. Mais la répartition sur le territoire est très disparate, et proportionnelle à la richesse du département: 135 généralistes pour 100.000 habitants en Basse-Normandie contre 190 en Ile-de-France.

En juin 2003, 4,7 millions de personnes bénéficiaient de la couverture maladie universelle (CMU).

Un point de CSG (elle finance 33,8% des dépenses) rapporte 8,9 milliards d’euros ; un point de CRDS, 9,4 milliards.

Martine Gilson : Le Nouvel Observateur du 27 mai 2004
Sentinelle : Économie : Macro-économie : Protection sociale