13.9.04

Les secrets de la mémoire 01/20

Depuis une quinzaine d'années, les neurosciences ont accumulé les découvertes sur le fonctionnement du cerveau. Il est temps d'en tirer des enseignements pratiques et d'améliorer ainsi les capacités de notre organe central. C'est ce que propose Votre mémoire. Bien la connaître, mieux s'en servir (Larousse, 320 p., 25 €.).

Coordonné par le Dr Bernard Croisile, neurologue à l'Hôpital neurologique de Lyon, cet ouvrage rassemble les contributions d'une vingtaine de spécialistes. Tous les aspects du problème sont traités, de la description des circuits neuronaux aux maladies cérébrales. Cette encyclopédie, d'accès très facile, permet de dédramatiser le sujet. Une simple peur des «trous de mémoire» ne doit pas en effet se transformer en angoisse obsessionnelle.


Voici une série de 20 articles sur les questions auxquelles ce livre permet de répondre.

Quelle place la mémoire occupe-t-elle dans le cerveau ?

En avalant quelques miettes d'un gâteau ramolli dans du thé, le narrateur d'A la recherche du temps perdu éprouve un «plaisir délicieux» dont il ne saisit pas immédiatement l'origine. Petit à petit, des éléments gustatifs et olfactifs lui reviennent à la mémoire. Le contexte du souvenir se précise. Puis la réminiscence surgit et toute son enfance revit : la tante Léonie qui lui offrait le dimanche matin un petit morceau de madeleine après l'avoir trempé dans son infusion, la vieille maison grise où était sa chambre, les fleurs du jardin, les bonnes gens du village, le clocher de Combray…

Dans cette évocation littéraire, Marcel Proust décrit un cheminement conforme à ce que la science nous apprend aujourd'hui sur le rappel d'un souvenir. L'influx nerveux circule d'abord dans les régions cérébrales spécifiques aux sensations, puis dans les zones dites amygdaliennes, participant à la gestion émotionnelle. Enfin, l'ensemble des éléments sensoriels rattachés à un même événement sont réactivés.

Il n'y a pas de zone particulière de stockage des souvenirs. La mémoire est en effet répartie dans tout le cerveau. Cette dispersion tient aux mécanismes biologiques qui entrent en jeu. Quand un neurone est stimulé par des informations nouvelles, il prolifère et crée des liaisons (synapses) avec d'autres cellules nerveuses. Plus le neurone est sollicité, plus il multiplie les points de contact, qui sont autant de traces mnésiques, distribuées dans les différentes aires du cerveau en fonction des sens activés. Les neurones et les connexions impliquées dans un même souvenir tissent ainsi des circuits, des «cartes» qui fonctionnent de façon synchronisée. Se souvenir, c'est reconstituer une de ces cartes neuronales.

Votre mémoire. Bien la connaître, mieux s'en servir