La Renault Logan
Les deux tiers de la croissance du marché automobile vont venir de Chine, d'Inde et d'Europe de l'Est. Les constructeurs mondiaux réfléchissent à des stratégies pour s'attaquer à ces pays. PSA, Volkswagen et Ford se préparent aussi à lancer leurs propres concepts.
Son nom de code X90 [en fait, la Logan] sonne comme un mauvais roman d'espionnage, mais son existence ne relève plus du scénario. Serpent de mer de l'industrie automobile, le véhicule à 5.000 euros (32.800 FF) est présenté en grande pompe au technocentre de Guyancourt par Louis Schweitzer. Le PDG de Renault, qui a, en personne, porté le dossier depuis 1998, a dévoilé les formes du véhicule appelé à séduire les marchés des pays en développement. Entre autres, une silhouette pas franchement glamour, plus longue toutefois que la Clio (qui partage pourtant la même plate-forme), un gros coffre ou encore une garde au sol destinée à résister à des routes défoncées. Le patron de Renault y voit déjà le pendant pauvre de la famille Megane-Scenic, best-seller en Europe occidentale en 2003. «A l'horizon 2010, nous comptons vendre autant de X90 que de Megane l'an dernier», a-t-il d'ores et déjà promis. A savoir, pas moins de 700.000 par an.
Dernier cri
Les concurrents assurent ne pas y croire, faisant valoir que même les pays en développement exigent le dernier cri technologique. Le cadre d'un gros équipementier n'est pas de cet avis : «Les marchés turc, russe, moyen-orientaux ont besoin de véhicules simples techniquement, mais qui ressemblent à de vraies et à de grosses voitures. Et les voitures qui marchent aujourd'hui dans ces pays sont des voitures très simples.» C'est pourquoi Renault a voulu faire de la X 90 «une voiture comme on ne sait plus trop en vendre en Europe occidentale», résume Patrick Blain, directeur commercial de Renault. «Avec notre culture d'engineering, on ne peut plus demander à nos techniciens de faire des voitures basiques. Et Dacia (constructeur roumain racheté en 1999 par Renault) nous permet de couvrir un segment de prix que personne ne peut couvrir avec les produits classiques, destinés à l'Europe de l'Ouest.» Déjà entrée en production sur les lignes de l'usine Dacia de Pitesti, en Roumanie, la voiture sera ensuite fabriquée en Russie, au Maroc et en Colombie, puis en Iran et en Chine.
Salaires locaux
La compression des coûts repose sur une technologie simple, une production en Roumanie de la majeure partie des composants, des salaires locaux dérisoires, ou encore des équipements déjà amortis sur d'autres modèles, en particulier les moteurs. «Par exemple, deux airbags au lieu de huit, des économies sur l'électronique, des ABS qui ne sont pas de dernière génération... De plus, il y aura probablement très peu de variantes et de déclinaisons, pour avoir une standardisation maximum», estime un équipementier, qui évoque une «pression maximale sur les fournisseurs». Louis Schweitzer a promis que la marge dégagée sur ce véhicule «ne devrait pas être inférieure à celles que l'on obtient sur le marché de l'Union européenne». Reste que selon les pays, en fonction des coûts de production locaux ou des options, le prix symbolique de 5.000 euros est déjà appelé à être débordé. La version russe devrait ainsi en coûter, au minimum, 2.000 de plus.
Infographie : La Logan & les prévisions de production
David Revault d'Allonnes : Libération du 2 juin 2004
Infographie : Renault/Le Monde du 2 juin 2004
Sentinelle : Économie : Fracture Nord/Sud
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